
Le conseil des ministres et une poignée de députés ont démissionné suite au cataclysme de Beyrouth, alors que les mêmes mafias et seigneurs de la guerre s’accaparent le pouvoir.
Justice doit être faite, et les pires châtiments doivent être infligés à ces odieux tyrans, nérons, sangsues, sanguinaires, inhumains, ces lucifers qui mentent impunément et qui se cachent derrière et instrumentalisent les “légitimes” souffrances de centaines de milliers d’humains qui ne méritent pas l’hécatombe.
Mais comment cette justice adviendra-t-elle lorsque d’une part, des citoyens-nes expriment leur souffrance, leur compassion, leur convivialité, leur courage, et leur espoir en un meilleur lendemain en balayant les débris, en venant en aide aux sinistrés, en recherchant les disparus, en manifestant dans les places publiques, en témoignant pour la justice et la paix, etc.; et d’autres demeurent adeptes de la violence, et sont prêts à exterminer virtuellement et physiquement ceux qui opposent leurs zaims? Comment cette justice – et ainsi mémoire et histoire – adviendra-t-elle, lorsque “l’autre” n’est plus adversaire occasionnel, mais ennemi de nature qu’il faudrait éradiquer?
Mes larmes coulent à la vue de la division des Libanais-es, à la vue du sang qui coule, des gaz lacrymogènes, et des cris des familles des victimes, à la vue des luttes au corps à corps et de la montée aux extrêmes.
J’avais encore un brin d’espoir que le crime ultime, ce crime contre l’humanité qui eut lieu le 4 août, puisse rassembler tous les Libanais-es autour d’une action commune, un projet commun, du moins une colère commune face à des dirigeants qui n’ont fait que couler le titanic et ouvert les portes de l’enfer.
Cet espoir n’existe plus… Car pire que les dirigeants despotiques est un peuple sclérosé. Et tant qu’une partie du peuple ne tolère que la servitude, la corruption et le meurtre, nous ne pourrons faire et écrire librement notre histoire. Nous serons condamnés à revivre un passé sanglant, et nous ne créerons que des présents et avenirs apocalyptiques.
Nous avions une dernière chance pour nous unir dans notre diversité, pour nous rencontrer là où la politique divise pour justement transcender cette division. L’avons-nous perdue?